IA générative : savoir prendre le virage – un enjeu pour les DSI

Analyses, synthèses, génération de documents, conversations… les applications de l’IA générative et leurs bénéfices semblent sans limites.

Cependant, des risques se profilent pour l’entreprise : fiabilité des réponses, confidentialité, démarche de mise en œuvre, impact sur l’organisation… Les DSI, avec la mission de faire infuser les technologies innovantes au service des métiers, doivent prendre un virage critique.

« Face à l’IA, nous sommes encore dans une logique de prudence, voire restrictive, dans la perspective de mieux l’utiliser à terme », affirme Gatien Bonnereau — DSI de la mutuelle santé Cegema.

Améliorer la relation client

« Le premier champ d’application concernera probablement la relation client. Je pense à l’évolution des agents conversationnels, afin de faciliter le parcours de souscription, et la déclaration de sinistre. Répondre à la question : combien vais-je être remboursé, peut être complexe du fait de la disparité des parcours médicaux et des contrats. Détecter les fraudes : je pense par exemple à la détection de faux professionnels, faux devis et factures par exemple. L’analyse des documents – papiers ou digitaux – constitue également un sujet important dans notre métier. Seuls 30 à 40 % des documents sont correctement reconnus par les systèmes actuels basés sur la RAD (reconnaissance automatique de documents). Nous y passons beaucoup de temps. Nous pourrions multiplier les applications, avec la génération de documentations, de comptes rendus de réunion… »

Développer les services partagés

« Nous devons faire converger la R&D, les technologies émergentes et les innovations commerciales. », affirme Mounir Abdel Moujoud — DSI du Groupe d’armement Edge, basé aux Émirats Arabes Unis.

« Notre mission est de développer des services partagés dans un contexte industriel varié et fortement réglementé : fabrication de munitions, de radars, de drones, de navires, de véhicules blindés… Ces services ont pour mission de faire bénéficier chaque entité des meilleurs outils, des meilleures pratiques en matière de gouvernance, mais aussi leur permettre de réduire les coûts. Nous attendons beaucoup de L’IA générative, et comptons en faire une solution de référence. »

Étendre notre offre de services

« Exploiter l’information issue de nos systèmes, d’équipements industriels – IoT –, mais aussi l’information externe, issue de la veille technologique ou de partenaires. L’IA doit nous permettre de les compiler, de faire des déductions, d’anticiper des risques et d’étendre notre offre de services auprès d’entreprises de secteurs fortement réglementés. »

Enrichir la formation

« Je pense, enfin, que l’IA doit nous faciliter le partage des retours d’expérience. »

Une mise en œuvre précise :

L’enjeu premier sera d’entrainer l’IA au contexte de l’entreprise, de gérer la confidentialité, la volatilité de l’information (tantôt exacte, tantôt obsolète) et de savoir comment rédiger les requêtes ou « prompts ». D’un point de vue S.I., cela implique de constituer une base de connaissances à partir d’informations issues de sources multiples (systèmes de gestion, Big Data, données non structurées, veille…) et de gérer un processus récurrent d’entrainement de l’IA.

En conclusion

L’intelligence artificielle générative offre des perspectives considérables. Cependant, les défis ne doivent pas être sous-estimés pour lui permettre de s’adapter au contexte de chaque entreprise, d’un point de vue fonctionnel, technique et organisationnel. Les DSI doivent jouer un rôle central dans cette évolution : compréhension des enjeux clients, des processus métiers, des besoins en formation et des solutions techniques à mettre en œuvre.

Remerciements à Gatien Bonnereau DSI de la mutuelle santé Cegema et Mounir Abdel Moujoud DSI du Groupe Edge pour leur contribution.

— Franck Gryson